23 mai 2018

Le lambeau de Philippe Lancon

Comment dire l'indicible ? Comment raconter l'irracontable ? Décrire la souffrance, la reconstruction au sens propre comme au figuré ?  Il suffit de lire le roman de Philippe Lançon pour le comprendre. Quelle œuvre, quel choc ! 
Il y raconte tout. En quelques mots, l'attentat, l'attaque, la cervelle de Bernard (Maris) mais surtout l'après: ce long parcours médical entre la Pitié-Salpêtrière et les Invalides, entouré des vivants, les autres, ceux qui n'ont pas vécu le drame et qui gravitent autour de lui. On y croise des soignants hors pair (de l'aide-soignante à  l'anesthésiste mélomane) et surtout, Chloé,  chirurgien, pilier de cette reconstruction. C''est elle qui greffe, c'est elle qui ordonne, qui rassure.
Et tous les autres, son frère, son amoureuse, son ex-compagne, ses parents...
Il est fascinant de voir à quel point le Lambeau ne parle pas de mort, ni de violence, ni d’extrémisme mais de reconstruction, jour après jour, sans rien nous épargner, le VAC, la douleur, la gastrostomie, les pansements chargés de bave. Aidé par la littérature, la poésie, l'auteur apprend à être "autre": le Philippe Lançon d’après.
La plume est incroyable, m'obligeant parfois à lire à haute voix pour m’imprégner de la phrase, de son rythme. Et, même si bon nombre de références littéraires m'échappaient (Proust, Thomas Mann, etc.), qu'importe. Sans haine, sans rancœur, l'auteur nous ouvre la porte de sa renaissance. 
A lire, évidemment.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ajouter votre avis, vos impressions, votre humeur :)

Pilules Roses, De l’ignorance en médecine » (Stock, 2023) de Juliette Ferry-Danini

Le SPASFON (phloroglucinol), vous connaissez bien sûr ! Qui n’a pas reçu, au cours de sa vie ce comprimé rose fuchsia, dragéifié façon bonbo...